jeudi 30 juin 2011

Ces petits riens qui font tout le congé parental !

On m’a longtemps caché les désagréments que j’endurerai à l’occasion de mon congé parental. J’évoquais dans un billet précédent une renaissance, je dois reconnaître qu’à certains égards, certaines transformations ressemblent bien plus à l’ingratitude de la puberté à l’adolescence. Pour tous les hommes qui désirent devenir papa mais qui n’ont pas encore franchi le pas je vous invite à arrêter ici votre lecture. Il se peut en effet que les mots qui suivent vous retirent à tout jamais l’envie de rejoindre le cercle très ouvert des parias .. euh pardon … des parents.

N’imaginez pas, comme j’ai pu l’imaginer, que le congé parental sera pour vous l’occasion de porter à longueur de journée les vêtements « casual chic » dont vous avez toujours rêvé. En faisant le choix du congé parental vous devrez troquer vos costumes impeccable et vos chemises immaculées contre des vêtements qui porteront très rapidement les stigmates de votre nouveau métier, leurs couleurs changeant dans la journée au grès des repas. Impossible de rester propre lorsqu’on a des enfants, à moins d’accepter la solution qui consiste à changer quatre ou cinq fois de tenus par jour. Voici quelques exemples. Les repas évidemment sont un moment critique. Au-delà des projections de nourriture, somme toute assez banales et qu’un bon entraînement vous permet d’éviter assez facilement, les câlins post-dessert sont redoutables. Quelques minutes d’inattention et la symbiose alimentaire avec vos enfants sera totale. De mon côté rien n’y fait, c’est toujours après un bon repas que mes enfants ont envie de se serrer contre moi. Les sorties au parc sont tout aussi terribles. Une seconde d’égarement et vous voilà avec le petit dernier dans les bras, ses petits pieds menus et boueux s’essuyant sur votre tout nouveau T-Shirt Abercrombrie & Fitch. Je ne compte plus le nombre de fois où cela m’est arrivé. Pourquoi personne ne s’est penché sur cette question fondamentale ?

Préparez-vous également, à l’occasion de votre congé parental, à découvrir le retard systématique. Vous mettiez un point d’honneur à arriver à l’heure à vos réunions et bien sachez qu’avec deux enfants en bas âge votre seule solution pour continuer à respecter les horaires sera d’indiquer des fourchettes. Je me suis surpris à dire à mon banquier : « je serai là entre 16h et 16h30 » « Euh vous voulez dire 16h ?». Les structures collectives de la très petite enfance ont très bien compris cette difficulté : les plages d’accueil sont extrêmement larges. Je peux déposer mon aîné entre 14h et 15h30 pour ses après-midi de crèche et je dois avouer utiliser la totalité de l’amplitude en fonction des circonstances. Je comprends également désormais pourquoi on nous impose d’arriver à 18h45 pour une fermeture de la crèche à 19h. Non seulement vous n’êtes jamais à l’abri d’un imprévu mais en plus tout prend tellement de temps avec de très jeunes enfants. Il est plaisant en revanche de noter qu’on s’y habitue assez vite. La vie toute entière s’organise autour de cette nouvelle réalité. Vous remarquerez ainsi que très souvent les couples avec jeunes enfants ne donnent pas d’indications d’heure pour les dîners qu’ils organisent. « Venez quand vous pouvez !». C’est la quintessence de la déformation professionnelle.

Vous qui aimez la haute gastronomie sachez qu’en congé parental une bonne partie de vos repas sera constituée des restes de celui de vos enfants. Vous allez régulièrement finir leurs plats et leurs desserts. Cela vous permettra non seulement de gagner du temps sur votre propre repas mais également d’éviter de jeter trop de nourriture car il est très difficile d’anticiper ce qui sera mangé par vos enfants. Le jour où, comme moi, vous réaliserez que vous finissez régulièrement leurs infâmes petits pots vous saurez  que vous aurez enfin gagné vos gallons de mère au foyer.

Sachez également que votre voix va muer. Vous allez monter beaucoup plus haut dans les aigus dans la vie de tous les jours et beaucoup plus bas dans les graves en période de stress, le juste milieu disparaissant corps et bien. Un véritable soprano. Mais cela n’est rien à côté du phénomène de mithridatisation qui vous rendra insensible peu à peu aux pleurs et aux cris. Ce pourrait être une faculté intéressante si cela n’avait pour cause possible une perte réelle d’audition.

La vie de père en congé parental n’est pas toujours des plus plaisantes ... et ça on s’était bien gardé de m’en parler !

1 commentaire:

  1. Moi je dis : sortir "mithridatisation" sur un site consacré au congé parental, c'est un véritable exploit !

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