samedi 18 juin 2011

De la déculpabilisation du parent moderne

Comme Alfred de Musset l'a si joliment décrite j'imaginais la vie en congé parental comme une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité. Une vie faites de choix cornéliens où la plus infime des erreurs est payée au prix le plus fort, où le moindre traumatisme du bébé se transforme inéluctablement en névrose de l'adulte. Avoir des enfants c'était pour moi accepter cette écrasante responsabilité.  

Une responsabilité à la fois oppressante car éternelle et sournoise car drapée de plaisir et de gaieté. Les moments de bonheur vous la rende douce et agréable mais ne vous y trompez pas elle n'en est pas moins redoutable. Son poids pourra vous écraser, comme la si légère neige qui fait ployer et céder sous son amoncellement les toits les plus robustes.

Mais lorsque cette responsabilité devient un fardeau trop lourd à porter, lorsque vous plier sous le joug de la culpabilité sachez qu'il y aura toujours une croyance populaire pour vous prêter main forte, un adage pour transformer votre prétendue épine en illusion. 

La déculpabilisation du parent moderne est en effet devenue une pratique en vogue. A chaque situation culpabilisante vous trouverez un précepte qui vous sera doctement asséné comme une vérité plusieurs fois millénaires et adoucira votre existence.
Vous avez quelques difficultés à partager un instant de complicité avec votre enfant. Ne vous inquiétez pas le jeu libre est absolument indispensable à son épanouissement et à son développement. Cela lui permettra de développer son imagination et de faire l'apprentissage à sa manière des objets qui l'entourent.

Vous avez quelques difficultés à lui garantir une hygiène irréprochable. Votre enfant à tendance à tout mettre en bouche et vous êtes démunis devant un tel comportement. Ne vous inquiétez pas il est simplement en train de se constituer ses défenses immunitaires.

Votre enfant à quelques difficultés à manger. Rassurez-vous, un enfant ne se laisse jamais mourir de faim. S'il ne mange pas c'est qu'il n'a plus faim.

Votre enfant ne fait plus de sieste. Et bien rassurez-vous là aussi en vous souvenant que l'important est le temps de repos et de calme et pas l'endormissement en tant que tel.

L'adage suprême est probablement celui affirmant que vos enfants sont uniques et que vous seuls, en tant que parents, êtes les plus à même de savoir comment réagir. Gageons qu'il sera rapidement élevé au rang de grande cause nationale.

Du coup, à ma grande surprise et pour mon plus grand plaisir, la vie en congé parental se révèle être une rose dont chaque épine est une illusion et dont il ne tient qu'à vous de savoir en apprécier la réalité des pétales.

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