jeudi 30 juin 2011

Ces petits riens qui font tout le congé parental !

On m’a longtemps caché les désagréments que j’endurerai à l’occasion de mon congé parental. J’évoquais dans un billet précédent une renaissance, je dois reconnaître qu’à certains égards, certaines transformations ressemblent bien plus à l’ingratitude de la puberté à l’adolescence. Pour tous les hommes qui désirent devenir papa mais qui n’ont pas encore franchi le pas je vous invite à arrêter ici votre lecture. Il se peut en effet que les mots qui suivent vous retirent à tout jamais l’envie de rejoindre le cercle très ouvert des parias .. euh pardon … des parents.

N’imaginez pas, comme j’ai pu l’imaginer, que le congé parental sera pour vous l’occasion de porter à longueur de journée les vêtements « casual chic » dont vous avez toujours rêvé. En faisant le choix du congé parental vous devrez troquer vos costumes impeccable et vos chemises immaculées contre des vêtements qui porteront très rapidement les stigmates de votre nouveau métier, leurs couleurs changeant dans la journée au grès des repas. Impossible de rester propre lorsqu’on a des enfants, à moins d’accepter la solution qui consiste à changer quatre ou cinq fois de tenus par jour. Voici quelques exemples. Les repas évidemment sont un moment critique. Au-delà des projections de nourriture, somme toute assez banales et qu’un bon entraînement vous permet d’éviter assez facilement, les câlins post-dessert sont redoutables. Quelques minutes d’inattention et la symbiose alimentaire avec vos enfants sera totale. De mon côté rien n’y fait, c’est toujours après un bon repas que mes enfants ont envie de se serrer contre moi. Les sorties au parc sont tout aussi terribles. Une seconde d’égarement et vous voilà avec le petit dernier dans les bras, ses petits pieds menus et boueux s’essuyant sur votre tout nouveau T-Shirt Abercrombrie & Fitch. Je ne compte plus le nombre de fois où cela m’est arrivé. Pourquoi personne ne s’est penché sur cette question fondamentale ?

Préparez-vous également, à l’occasion de votre congé parental, à découvrir le retard systématique. Vous mettiez un point d’honneur à arriver à l’heure à vos réunions et bien sachez qu’avec deux enfants en bas âge votre seule solution pour continuer à respecter les horaires sera d’indiquer des fourchettes. Je me suis surpris à dire à mon banquier : « je serai là entre 16h et 16h30 » « Euh vous voulez dire 16h ?». Les structures collectives de la très petite enfance ont très bien compris cette difficulté : les plages d’accueil sont extrêmement larges. Je peux déposer mon aîné entre 14h et 15h30 pour ses après-midi de crèche et je dois avouer utiliser la totalité de l’amplitude en fonction des circonstances. Je comprends également désormais pourquoi on nous impose d’arriver à 18h45 pour une fermeture de la crèche à 19h. Non seulement vous n’êtes jamais à l’abri d’un imprévu mais en plus tout prend tellement de temps avec de très jeunes enfants. Il est plaisant en revanche de noter qu’on s’y habitue assez vite. La vie toute entière s’organise autour de cette nouvelle réalité. Vous remarquerez ainsi que très souvent les couples avec jeunes enfants ne donnent pas d’indications d’heure pour les dîners qu’ils organisent. « Venez quand vous pouvez !». C’est la quintessence de la déformation professionnelle.

Vous qui aimez la haute gastronomie sachez qu’en congé parental une bonne partie de vos repas sera constituée des restes de celui de vos enfants. Vous allez régulièrement finir leurs plats et leurs desserts. Cela vous permettra non seulement de gagner du temps sur votre propre repas mais également d’éviter de jeter trop de nourriture car il est très difficile d’anticiper ce qui sera mangé par vos enfants. Le jour où, comme moi, vous réaliserez que vous finissez régulièrement leurs infâmes petits pots vous saurez  que vous aurez enfin gagné vos gallons de mère au foyer.

Sachez également que votre voix va muer. Vous allez monter beaucoup plus haut dans les aigus dans la vie de tous les jours et beaucoup plus bas dans les graves en période de stress, le juste milieu disparaissant corps et bien. Un véritable soprano. Mais cela n’est rien à côté du phénomène de mithridatisation qui vous rendra insensible peu à peu aux pleurs et aux cris. Ce pourrait être une faculté intéressante si cela n’avait pour cause possible une perte réelle d’audition.

La vie de père en congé parental n’est pas toujours des plus plaisantes ... et ça on s’était bien gardé de m’en parler !

lundi 27 juin 2011

Le père n'est décidemment pas une mère comme les autres

Aujourd'hui j'étais tranquillement attablé avec mes enfants pour le petit-déjeuner lorsque ma femme, qui se préparait pour le travail, fait irruption dans la cuisine. Il s'ensuit le dialogue suivant avec l'un de mes enfants.


- Papa pourquoi maman est toute verte !
- Et bien ma chérie il s'agit d'un masque à base de concombre
- (du fin fond de la salle de bain) mais non il s'agit d'argile, un masque à base d'argile !
- Papa c'est quoi l'argile
- Et bien l'argile c'est ... euh ... c'est de la terre !
- Mais si c'est de la terre pourquoi c'est vert ?
- Et bien c'est une terre qui a été colorée
- Mais pourquoi elle a été coloriée la terre
- Pour lui ajouter des propriétés anti-ride. Tu sais ma chérie à partir d'un certain âge les femmes ont des rides sur le visage qu'elles essaient de masquer.
- (du fin fond de la salle de bain) mais ce n'est pas pour les rides, je n'ai pas de rides ! C'est pour le sérum.   
- Papa c'est quoi le sérum
- Et bien c'est une bonne question. Le sérum c'est ... euh ...
- (du fin fond de la salle de bain) mais non pas le sérum ... le sébum
- Oui, bien sur, le sébum ! C'est un produit qui est généré par la peau quand on vieilli et qui n'est pas bon.
- (du fin fond de la salle de bain) mais non c'est une substance biologique sécrétée à l'adolescence
- Papa pourquoi ...
- Euh ma chérie là je suis perdu. Tu demanderas à ta mère ce soir quand elle rentrera

Le père n'est décidemment pas une mère comme les autres !

dimanche 26 juin 2011

Le culte de l'inutile - chapitre 2

Il est fascinant de se dire que la majeure partie de l'humanité a été parent et que malgré cela chacun continue de son côté à commettre les mêmes erreurs et à entasser inexorablement les objets inutiles ou peu utiles. Comment, lorsqu'on a connu la rigueur implacable des sciences les plus nobles, ne pas être ébranlé par ce constat ? Pourquoi n'avons-nous jamais été correctement conseillés ? Nous avons pourtant autour de nous de nombreux jeunes parents ainsi que de plus anciens. Je vois aujourd'hui au moins quatre raisons qui expliquent ce culte de l'inutile ou du peu utile.

Tout d'abord l'inutile est relatif. Je découvre assez vite que l'éducation et le développement d'un enfant n'a rien d'une science exacte. Il y a finalement assez peu de faits établies ou plutôt il y en a autant que de bébés. Ce qui peut fonctionner pour l'un peut ne pas fonctionner pour l'autre. Vous êtes ainsi condamnés en tant que parent à un empirisme désuet qui pourra vous pousser à essayer les recettes même les plus absurdes : si je lui mets un CD de bébés qui dorment est-ce qu'il va faire ses nuits ?

Ensuite l'inutile rassure. La vérité d'hier est rarement celle de demain et celle d'aujourd'hui est par conséquent impénétrable. Dans ce contexte la solitude du parent devant ses responsabilités peut être particulièrement pesante. On est dès lors beaucoup plus réceptif aux discours des "spécialistes", surtout lorsque les "buzz word" sécurité, prévention, risques sont utilisés.

L'inutile aide. Surtout au début. La difficulté des premiers mois, en particulier le manque de sommeil, vous fait décupler la valeur d'aide que peut apporter un objet. L'investissement n'est rien en regard de l'augmentation, même modique, de votre confort de vie. Après quelques nuits blanches j'aurais été prêt à acheter du lait de kangourou si on m'avait dit que cela lui permettrait de dormir ne serait-ce que 4 heures de suite. Je constate ainsi, à posteriori, que la majeure partie de nos achats inutiles ou peu utiles a été réalisée dans les 6 premiers mois.

Enfin, et c'est surtout vrai pour les papas, l'inutile distrait. Faire les magasins est finalement une bonne manière de s'occuper de ses enfants sans avoir à gérer les couches, les pleurs et les repas. On en apprécierait presque les sorties au BHV les samedis en période d'affluence maximum.

Voilà pourquoi nous avons, comme beaucoup de parents, joints l'inutile à l'accessoire. Mais de cette expérience je retire néanmoins quelques leçons que je vous livre avec plaisir :  
  • N'achetez un objet que lorsqu'il vous est conseillé par une famille d'au moins 3 enfants qui vous promet l'avoir utilisé pour le petit dernier.
  • Assurez-vous d'avoir dormi au moins 8h d'affilée avant d'effectuer le moindre achat
  • Fuyez les objets dont le "packaging" contient les mots "miracle" ou "miraculeux". En matière de bébés les miracles n'existent pas.

samedi 25 juin 2011

Le culte de l'inutile - chapitre 1

J'aurais préféré un bébé sans les options. C'est proprement prodigieux la quantité d'équipements qui peut accompagner la vie d'un jeune enfant. L'abîme d'interrogation des nouveaux parents semble ne pouvoir être comblé que par un amoncellement d'objets aux prétendues vertus miraculeuses. En tant qu'homme je m'étais promis d'opposer une farouche résistance, telle l'ultime résistance de Custer, à ce déferlement d'objets pour bébés tellement symptomatique et caricatural de notre société de consommation. Mais comme Custer qui céda durant la bataille de "Little Big Horn" j'ai un peu le sentiment d'avoir perdu ma petite guerre contre le culte de l'inutile, non sans avoir mené héroïquement quelques batailles mémorables.

J'avais pourtant une qualité avant - parmi bien d'autres bien sûr ;) - cette faculté à identifier l'essentiel de l'accessoire. Mais voilà, le monde du bébé n'est pas celui de l'entreprise et dans mon nouveau métier de père je dois bien admettre que l'accessoire a eu raison de moi. Il n'y a aujourd'hui pas un centimètre cube de mon appartement qui ne trahirait pas la présence d'un bébé. Où que vous puissiez poser les yeux, un objet vous rappellera que ce toit abrite de très jeunes enfants. Nos placards regorgent d'objets remisés certains remerciés d'autres vilipendés mais tous acheté avec une conviction profonde celle d'adoucir notre quotidien de parents ou d'améliorer celui de nos enfants.

Voici pour vous mon Top 5 des produits inutiles ou très peu utiles. Je suis d'ailleurs prêt à payer pour que vous me débarrassiez de certains d'entre eux, notamment le premier !
   
Numéro 1 : Le landau
Magnifique landau aux couleurs chatoyantes nous permettant de le repérer plus aisément sur les parkings à landaus. En fait une fin de série, achetée sur Internet à 25% de son prix initial, que nous avons soupçonné assez vite être plutôt un début de série qui n'aurait jamais trouvé preneur. Nous avions quelques doutes déjà à l'époque qui avait été levé par une étude très sérieuse qui évoquait la sécheresse affective du nourrisson en poussette lorsque ce dernier est face au trottoir et qu'il ne peut voir ses parents. Ce landau permettait, pour un prix modique, non seulement au nourrisson de ne pas quitter ses parents des yeux mais aussi aux parents de ne pas perdre de vue leur landau particulièrement bigarré. Par ailleurs son aspect massif était la garantie d'un confort absolu pour notre nourrisson. Je dois reconnaître avoir été à l'origine de cet achat. J'ai tenu trois semaines jusqu'à ce déjeuner à Paris au cours duquel ma belle-mère se propose gentiment de faire quelques tours avec la poussette pour endormir notre enfant avant de revenir une poignée de minutes plus tard en se plaignant du dos. Effectivement l'absence de mobilité des roues, qui lui garantit une assise exemplaire, rend notre char d'assaut assez peu maniable. J'ai suspecté ce jour là une coalition mère-fille pour me faire céder, ce qui n'a pas manqué de réussir. Nous avons rapidement acheté une nouvelle poussette, achat qui a ensuite été complété à la naissance de notre deuxième enfant par une poussette double. Avec le recul aurions-nous pu être plus efficace ? Oui évidemment ! La poussette double aurait largement pu suffire.

Numéro 2 : le mouche bébé électrique 
Il n'aura lui tenu qu'une journée. Les promesses d'efficacité n'ont jamais été suivies d'effets. Après un essai désastreux nous revenons à la bonne veille méthode de la pipette et de l'aspiration manuelle, certes un peu barbare mais terriblement efficace.

Numéro 3 : la couverture magique
En fait une véritable camisole de force adaptée à l'enfant et censée améliorer l'endormissement. Je n'ai jamais réussi à m'y faire !

Numéro 4 : le transat de bain
Notre bébé devenant trop grand pour la petite baignoire en plastique nous décidons d'opter pour un transat de bain positionnée dans notre baignoire. 2 inconvénients majeurs lui ont valu sa sentence. D'abord pour que votre enfant, bien calé dans son transat, soit dans l'eau, le principe du bain, il vous faut remplir la baignoire quasiment à ras bord. Pour une petite crevette de seulement quelques kilos c'est proprement aberrant. Ensuite notre enfant n'a jamais réussi à tenir dans le transat.

Numéro 5 : l'ombrelle à bébé
Une jolie ombrelle à ajouter à votre poussette. Je n'ai jamais réussi à la faire tenir en place !

Il est fascinant de se dire que la majeure partie de l'humanité a été parent et que malgré cela chacun continue de son côté à commettre les mêmes erreurs. Comment, lorsqu'on a connu la rigueur implacable des sciences les plus nobles, ne pas être ébranlé par ce constat. Je vous propose demain une tentative d'explication ainsi que mon top 5 des objets qui ont changés ma vie de papa (il y en a quand même !).

jeudi 23 juin 2011

L'exotisme se cache au coin de la rue

Il est particulièrement difficile d'évoquer son quotidien et le plaisir qu'on peut prendre à passer du temps avec ses enfants. Je le comprends d'autant mieux que je faisais partie de cette catégorie d'homme, très certainement l'écrasante majorité, qui considérait qu'un enfant n'avait d'intérêt que passé 3-4 ans lorsqu'il commence réellement à être interactif. La vie d’un nourrisson m’a toujours paru bien fade et insipide. Je n’imaginais pas pouvoir m’attacher et encore moins prendre du plaisir avec un petit d'homme à l’état de chrysalide. Mais par quel miracle ai-je pu alors me retrouver en congé parental ? Je dois cette décision pour le moins iconoclaste à mon épouse. Non pas que nous soyons un couple résolument moderne où ma femme décide de tout pour nous. Non mais à travers son exemple et son épanouissement formidable durant son propre congé parental qui a précédé le mien elle a su me communiquer une envie irrépressible de vivre à mon tour cette expérience. Après tout pourquoi n'y aurait-il que les femmes qui auraient le droit d'en profiter. 

Cette envie en revanche je ne pouvais y mettre des mots. Aujourd'hui après quelques mois il m'est plus aisé d'essayer d'expliquer, au delà du simple plaisir de voir grandir ses enfants, ce bonheur ultime qu'est le mien actuellement. Je vais essayer de le résumer pour vous aujourd'hui en 2 mots (perception et imagination), 2 aphorismes et 2 paragraphes. Conscient que chaque expérience de la paternité est unique je vous laisse évidemment réagir et commenter ma propre expérience.
L'exotisme se cache au coin de la rue.
Les enfants vous obligent à savoir reconnaître et 3 apprécier des évolutions, des accomplissements ou des situations imperceptibles de prime abord. La parentalité s'accompagne d 'un développement vertigineux de vos capacités perceptives. Votre regard sur le monde change considérablement. L'environnement qui vous entoure se transforme en un immense terrain de jeu et de découverte. Chaque recoin est exploré du regard pour en apprécier l'attrait éventuel ainsi que le risque associé. Vous redécouvrez des lieux que vous aviez cent fois arpenté mais sans jamais prendre le temps de les apprécier. Le moindre bruit, la moindre odeur devient une nouvelle expérience à partager avec vos enfants. Vous voyez le monde à travers leurs yeux et vous arrivez à vous émerveiller, comme eux, pour des détails qui paraissaient insignifiants il y a peu. C'est une redécouverte de tous les instants on pourrait presque dire une renaissance. La majestuosité d’un arbre, la finesse du sifflement d'un oiseau, l’ivresse du parfum des roses autant de plaisirs qui se révèlent à celui qui veut bien prendre le temps de regarder, d'écouter et de sentir. Le plaisir est par ailleurs décuplé ces instants étant vécus plusieurs fois. Une première fois pour vous, une deuxième fois dans leur regard comblé de bonheur et de nombreuses fois ensuite lorsque vous évoquez à nouveau tous ces moments insignifiants mais tellement fabuleux.

L'aventure est assoupie au plus profond de votre imagination.
Cette perception peut être sublimée par le pouvoir de votre imagination qui crée, avec les enfants, une réalité parallèle exaltante. Nul besoin des jeux les plus sophistiqués, des tenus les plus raffinées, des endroits les plus recherchés ou des situations les plus théâtrales. Votre imagination devient votre chapiteau qui abritera alors les histoires les plus passionnantes. Je dois avouer avoir pris énormément de plaisir à jouer de mon imagination et de ma créativité, trop endormies depuis de trop longues années, pour inventer des situations pour mes enfants. Je me souviens par exemple de ces instants magiques passés en voiture une main par dessus l'épaule dépassant du siège et se transformant tour à tour en escargot, crocodile, poisson, crabe et girafe. Quelques doigts respectivement en forme d'antenne, de gueule, de pinces, de corps effilé ou de cou. Un plébiscite. Nos nouveaux passagers sont même réclamés lorsque je suis seul au volant mais j'ai promis à mon épouse de les dresser pour qu'ils ne sortent que lorsque nous sommes deux et que c'est elle qui conduit.

Il y a bien sur bien d'autres sources de plaisir et de bonheur avec les enfants que j'aurais l'occasion de développer ultérieurement.

mardi 21 juin 2011

Un si délicieux quotidien

Je découvre très rapidement, au début de mon congé parental, qu'à chaque stade du développement de l’enfant est associé un concept de pédopsychiatrie. J’imagine le profond soulagement de tous ces parents qui, grâce à ces théories, arrivent à donner du sens aux comportements « à priori » absurdes de leurs enfants. Je ne tarde pas à bénéficier à mon tour de ces effets de soulagement.

Lorsque je débute mon congé parental, mes deux enfants sont à un stade de développement tout à fait délicieux.

Le premier, qui a 2 ans, est dans sa période du non. Une phase d'opposition dont j'avais entendu parler mais qui dépasse de loin tout ce que j'avais pu imaginer. Il est assez troublant, lorsque vous vous êtes fait une joie de passer du temps avec votre enfant, qu'il vous fasse comprendre à longueur de journée que ce que vous lui proposez ne lui convient pas. Fort heureusement c'est une période relativement facile à gérer et qui, dans sa phase aiguë, ne dure pas trop longtemps.

Le deuxième, qui a 10 mois, est dans sa période « homme des cavernes ». Lorsqu’il souhaite quelque chose, ce qui signifie à peu près toutes les cinq minutes, il émet un son, tantôt strident, tantôt guttural, qui ressemble tout à fait à l’idée que je peux me faire des échanges vocaux des hommes des cavernes. Devant ma perplexité, mon épouse me précise très vite qu'une bonne manière d'éviter ces situations, est de tâcher de comprendre la nature des cris, qui ont tous une signification particulière. Mais je n'ai pas du tout envie d'apprendre le langage de l'homme des cavernes ! A ma régression je préfère infiniment sa progression et je n'ai bien sûr qu'un souhait, que le passage du cri au langage articulé se fasse le plus rapidement possible.

J’ai évidemment d’abord cru à une mauvaise blague de mon épouse. Une sorte de bizutage pour mon entrée dans le congé parental. Elle se sera mis d'accord avec mes enfants pour me jouer un vilain tour et éprouver dès les premières journées ma capacité de résistance. Mais non, je comprends à la lecture de quelques ouvrages fort savants, qu'il s’agit de stades de développement tout à fait normaux. Ouf me voilà rassuré.

Enfin pas complètement. Je réalise par déduction, que lorsqu'un enfant fait l'acquisition d'un concept nouveau il le pousse à son paroxysme pour bien l'intégrer. L'enfant découvre le "non" et cela devient un leitmotiv quotidien. L'enfant découvre le langage et il n'utilise plus que les sons les plus aiguës et les plus graves de son répertoire. Étrange que ce processus d'apprentissage et de développement qui se joue de la modération pour verser dans l'excessif voir l'extrémisme. Que me réservent les prochains stades de développement ? Je commence déjà à appréhender l'acquisition de la propreté. Un rapide calcul ... et oui ... je serai toujours en congé parental et ce sera à moi de le gérer ! 

lundi 20 juin 2011

La culture est-elle soluble dans le congé parental ?

Qui a dit que la culture n'était pas soluble dans le congé parental ? Non je ne parle pas de l'intégrale de Tchoupi ni des petits "Dokeo", très bien faits au demeurant, et à la lecture desquels il m'arrive d'apprendre des choses, je dois bien le reconnaître ! Non, je parle de la vraie culture bien sûr, celle qui a pour terrain de jeu le tout Paris et pour résidence principale le Louvre.
Me voilà donc décidé à profiter enfin des expositions temporaires et autres merveilles que la capitale a à nous offrir. Et je ne résiste pas à l'envie de vous raconter deux de mes aventures.
Fasciné depuis longtemps par la civilisation des Incas, je ne pouvais manquer pour rien au monde l'exposition "L'or des Incas" à la pinacothèque de Paris. Sagement je décide de ne pas tenter le diable et de m'y rendre simplement accompagné du plus jeune de mes enfants. On ne peut imaginer le sentiment de liberté lorsque l'on passe de deux enfants à un seul. La vie vous semble si légère et tellement de choses sont à nouveau possible. Le métro et le bus sont par exemple deux moyens de transport tout simplement proscrits lorsque vous avez deux enfants en bas âge. Ils redeviennent possibles avec un seul enfant. 
Dès mon entrée dans le musée, je suis saisi par l'ambiance de recueillement qui y règne. Une solennité envoûtante. Une tranquillité en ce jeudi après-midi qui ne sera troublée que par ... mon enfant !!! Je me souviens encore du regard accusateur de cette dame, qui semblait tout droit sorti de l'opéra ou du grand prix de l'Arc de Triomphe, et qui me dit sur un ton sarcastique : "vous avez raison il faut les initier très tôt". Je me souviens encore de ma recherche effrénée dans les vitrines de l'exposition d'un objet qui pourrait susciter l'intérêt d'un bébé d'un an. Après quelques bousculades et avoir un peu joué des coudes, j'ai finalement découvert quelques bibelots de la taille d'un dé à coudre qui avaient la forme d'animaux (oiseaux et singes). J'ai pu m'en approcher et gagner quelques minutes de tranquillité chèrement payée : "excusez-moi, c'est une urgence ! Laissez-moi la place devant les singes, votre tranquillité en dépend !". Je dois bien reconnaître ne pas avoir profité dignement de cette exposition, maudissant cette civilisation qui ne devait pas beaucoup aimer les enfants sinon ils auraient pensé aux générations futures et nous aurions eu quelques objets dignes d'intérêt pour un bébé. Il en va de même des organisateurs qui ont eu l'impolitesse de mettre les vitrines d'exposition en hauteur de telle sorte que les enfants ne peuvent admirer les trésors des Incas que confortablement installés dans les bras de leurs parents.        

Ma deuxième sortie, deux-trois semaines plus tard, était prévue pour le temple de la culture, le musée du Louvre. Je dépose mon plus grand enfant vers 15h à la crèche et me voilà dans le métro une nouvelle fois avec le plus jeune, toujours âgé d'un an. Deux changements de métro et un changement de bébé plus tard, sans compter les nombreuses marches qu'il a fallu grimper tout en portant la poussette (les escaliers mécaniques étant une denrée finalement rare dans le métro parisien), me voilà arrivé au Louvre vers 16h30. Juste à temps pour le goûter. Encore faut-il trouver le lieu adéquat. Je me mets alors à la recherche d'un café accueillant qui sera finalement Angelina. Vers 17h30 je peux enfin commencer la visite des antiquités égyptiennes tout en réalisant que, sur la base de mes temps de passage à l'aller, si je veux pouvoir récupérer mon aîné à la crèche avant 18h45 il va  me falloir partir ... maintenant ! Juste le temps d'admirer une sculpture et me voilà sur le trajet du retour qui s'avèrera tout aussi épique. A la difficulté de la transhumance en période de pointe il m'a fallu ajouter la frustration d'avoir raté mon après-midi. Heureusement que mon enfant a particulièrement apprécié le métro, une véritable oeuvre d'art pour les yeux d'un bébé.

Depuis ces deux épisodes, lorsque je planifie une sortie culturelle, non seulement je double systématiquement les temps de transport prévus mais en plus ... je m'abstiens d'y aller avec les enfants ! C'est à cette condition que la culture est soluble dans le congé parental. Et puisqu'on parle de culture j'en profite pour vous recommander l'exposition temporaire au Louvre sur Claude le Lorrain qui est absolument magnifique pour quiconque aime les paysages et la peinture.  

samedi 18 juin 2011

De la déculpabilisation du parent moderne

Comme Alfred de Musset l'a si joliment décrite j'imaginais la vie en congé parental comme une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité. Une vie faites de choix cornéliens où la plus infime des erreurs est payée au prix le plus fort, où le moindre traumatisme du bébé se transforme inéluctablement en névrose de l'adulte. Avoir des enfants c'était pour moi accepter cette écrasante responsabilité.  

Une responsabilité à la fois oppressante car éternelle et sournoise car drapée de plaisir et de gaieté. Les moments de bonheur vous la rende douce et agréable mais ne vous y trompez pas elle n'en est pas moins redoutable. Son poids pourra vous écraser, comme la si légère neige qui fait ployer et céder sous son amoncellement les toits les plus robustes.

Mais lorsque cette responsabilité devient un fardeau trop lourd à porter, lorsque vous plier sous le joug de la culpabilité sachez qu'il y aura toujours une croyance populaire pour vous prêter main forte, un adage pour transformer votre prétendue épine en illusion. 

La déculpabilisation du parent moderne est en effet devenue une pratique en vogue. A chaque situation culpabilisante vous trouverez un précepte qui vous sera doctement asséné comme une vérité plusieurs fois millénaires et adoucira votre existence.
Vous avez quelques difficultés à partager un instant de complicité avec votre enfant. Ne vous inquiétez pas le jeu libre est absolument indispensable à son épanouissement et à son développement. Cela lui permettra de développer son imagination et de faire l'apprentissage à sa manière des objets qui l'entourent.

Vous avez quelques difficultés à lui garantir une hygiène irréprochable. Votre enfant à tendance à tout mettre en bouche et vous êtes démunis devant un tel comportement. Ne vous inquiétez pas il est simplement en train de se constituer ses défenses immunitaires.

Votre enfant à quelques difficultés à manger. Rassurez-vous, un enfant ne se laisse jamais mourir de faim. S'il ne mange pas c'est qu'il n'a plus faim.

Votre enfant ne fait plus de sieste. Et bien rassurez-vous là aussi en vous souvenant que l'important est le temps de repos et de calme et pas l'endormissement en tant que tel.

L'adage suprême est probablement celui affirmant que vos enfants sont uniques et que vous seuls, en tant que parents, êtes les plus à même de savoir comment réagir. Gageons qu'il sera rapidement élevé au rang de grande cause nationale.

Du coup, à ma grande surprise et pour mon plus grand plaisir, la vie en congé parental se révèle être une rose dont chaque épine est une illusion et dont il ne tient qu'à vous de savoir en apprécier la réalité des pétales.

jeudi 16 juin 2011

Mes systèmes biologiques intelligents

Si vous êtes en congé parental comme moi, vous avez dû constater à quel point il est compliqué de parler de son activité à quelqu'un qui n'a pas connu cette expérience, c'est à dire l'immense, que dis-je l'écrasante, majorité des hommes. J'ai été souvent dans l'embarras de constater que mon discours n'était ni très évocateur ni très intéressant. 

J'ai décidé à partir d'aujourd'hui d'utiliser un vocabulaire bien plus pédagogique pour décrire mon activité, oh combien passionnante, à des hommes ou des femmes qui n'ont pas fait le même choix que le mien. J'espère que cela me permettra de susciter à nouveau intérêt et attrait et de retrouver en miroir la satisfaction et le plaisir d'il y a quelques mois lorsque j'évoquais mon métier et mon quotidien.

"Je suis chef de projet. Je développe des systèmes biologiques intelligents. Deux pour être très précis. Les problématiques qui m'occupent le plus actuellement sont la gestion de la mobilité ainsi que l'apprentissage du langage. Je m'appuie sur des bases de données de connaissance pour optimiser le process d'acquisition du langage. En parallèle j'ai qualifié depuis quelques mois plusieurs environnements expérimentaux qui me permettent graduellement d'améliorer la motricité de mes systèmes. Mon métier est particulièrement éprouvant car je dois faire face régulièrement à des situations de crise, pour lesquels je suis devenu un expert. Résistance au stress, adaptabilité, sang froid et capacité de réaction pour appliquer rapidement les procédures d'urgence sont autant de qualités absolument indispensables pour survivre. J'ai par exemple dû déplorer récemment un incident dans le système de gestion des aliments qui a généré une fuite heureusement détectée et circonscrite assez rapidement. Avant cela c'est le système de coupure de l'alimentation qui a rendu l'âme. Impossible de couper le système qui s'est complètemenbt emballé, jusqu'à ce que je trouve l'origine du problème. Pour suivre mes progrès au quotidien j'ai mis en place des ICP (Indicateurs Clés de Performance) : nombre d'incident par jour, degrés d'autonomie, vitesse de pointe, ... 
Enfin c'est un vrai poste de Management. Il y a en effet de nombreuses personnes travaillant sur mes systèmes que je dois encadrer et diriger. Le principal avantage de ce projet est son "pay-back" immédiat même si l'investissement est considérable".

Voilà, aucun doute, c'est un métier passionnant vous en conviendrez ! Il y a, en plus, deux mérites essentiels. Le premier est qu'aucune formation n'est nécessaire mais une bonne dose de savoir faire et de savoir être. Le deuxième est que vous êtes votre propre patron et cela, ça n'a pas de prix.

mercredi 15 juin 2011

Un rituel perfectible !

Les enfants ont une faculté tout à fait surprenante qui est celle de savoir se faire entendre et de marquer leur présence. Et pourtant j'ai découvert récemment qu'ils savaient également se faire oublier lorsque cela pouvait être dans leur intérêt.

A l'heure du coucher l'un de mes enfants manifeste une envie pressante. Ni une ni deux, je le pose sur le pot, ravi d'anticiper un besoin et convaincu que le chemin de la propreté passe par des réactions rapides dans ces moments là.

Je retourne ensuite à la cuisine avec mon épouse pour finir de préparer le repas et installer la table. Quelques instants plus tard nous nous attablons. Au bout d'une petite demi-heure nous commençons à nous féliciter de cette soirée qui s'annonce sous les meilleurs augures : un endormissement rapide et aucun cris. Quels parents formidables nous faisons. Il s'agit très certainement du rituel du soir que nous avons mis en place et que nous suivons scrupuleusement.

Au bout d'une bonne heure je retourne à la salle de bain par hasard et je tombe sur notre enfant, sagement assis sur son pot. Il me fait un grand sourire ravi de s'être fait oublié et bien conscient de nous avoir joué un joli tour.

mardi 14 juin 2011

Les couches : entre modernité et tradition

Que serait un blog sur les tribulations d'un papa en congé parental sans un petit message sur les couches. Et bien le voici.

Mon rapport aux couches a assez mal débuté, mon épouse s'en souvient encore. J'ai en effet tourné de l'oeil lorsqu'il a fallu que je change la première couche de notre premier enfant et ma femme a dû prendre immédiatement le relais. Après l'incrédulité devant ma nausée aussi soudaine que paralysante est venu pour elle le temps des tourments : va t'il réussir à changer une couche ? arriverons nous à casser la tradition qui veut que les hommes ne changent pas les bébés ? ... heureusement pour elle et malheureusement pour moi, après quelques tentatives, encouragé comme il se doit par mon épouse, j'ai réussi à surmonter mon dégoût et rapidement cela n'a m'a plus posé aucun problème.

Après quelques mois, le rejet initiale a même laissé la place à un véritable émerveillement devant les prouesses qu'étaient capables de réaliser ces fameuses couches. D'abord une faculté d'absorption remarquable. Je dois admettre ici m'être livré à quelques expériences pour mesurer cette capacité d'absorption, qui me fascinait, en versant successivement plusieurs verres d'eau jusqu'à ce que la couche finisse par libérer son trop plein. Et bien, je peux vous le dire, il en faut des verres ! Oui effectivement, ce n'est probablement pas une expérience à laquelle se livrerait une femme ... Quoiqu'il en soit, depuis cette révélation, je ne comprends plus pourquoi nous changeons aussi souvent les bébés : un changement par jour serait largement suffisamment compte tenu de ces performances ! Respectons un peu les ingénieurs ayant mis au point ces produits miracles. 

En revanche il y a une chose que je n'arrive toujours pas à comprendre, c'est le système de classification des tailles des couches (je ne donnerai pas la marque à laquelle je fais référence mais tout le monde comprendra). Tout commence relativement bien puisque vous démarrez avec le numéro 1. C'est ensuite que cela se complique. Arrivé au numéro 4, au lieu de passer tout simplement au numéro 5 les pro du marketing ont décidé de sortir un 4+. Alors vous prenez 5 ou 4+ ? Est-ce que cela dépend du volume de rejet de votre enfant ? On ne saura jamais. L'autre difficulté réside dans les fourchettes de poids indiquées sur les emballages. Des fourchettes gigantesques, comme si ces mêmes pro du marketing avaient peur que vous ne trouviez pas la taille adéquate en rayon. Pour simplifier on vous fait des couches qui vont à tout le monde mais on ne vous le dit pas. Vous pourrez vérifier mais un enfant de 12-13kg peut potentiellement mettre 3 tailles différentes (entre 7 et 18kg, entre 9 et 20kg, entre 11 et 25kg ... ). A n'y rien comprendre ! Remarquez cela a un avantage : je n'achète maintenant plus qu'une seule taille pour mes 2 enfants malgré leur année de différence. 

lundi 13 juin 2011

Tour à tour effrayant, amusant et angoissant voici mon Top 3 en poussette

Je vous ai promis un top 3 de mes meilleurs moments en poussette et bien le voilà.

Tour à tour effrayant, amusant et angoissant voici les 3 moments que je n'oublierai probablement jamais, chacun pour des raisons bien différentes. En revanche ce n'est pas un hasard si ces 3 moments concernent une situation en poussette. C'est probablement l'attribut "bébé"qui aura généré le plus de discussions dans notre couple et je serais surpris qu'il n'en soit pas ainsi dans la plupart des couples. Symbole de mobilité et de liberté, la poussette est votre compagne la plus présente, dévouée et fidèle. Tantôt élitiste, tantôt passe partout, tantôt modulable, elle est, qui plus est, le reflet de ce que vous êtes mais j'aurais l'occasion de développer cela dans un prochain message.

Avant d'évoquer ces fameux 3 moments, quelques précisions s'imposent afin de vous donner toutes les clés pour en capter pleinement toutes les saveurs. Nous avons opté, après un premier choix désastreux, pour une poussette double révolutionnaire de la marque P...& T.... Maniable, pliable et aux dimensions étonnamment réduites pour une poussette double, elle se caractérise par la superposition des 2 enfants. L'un se situant légèrement devant et au dessus de l'autre.

Numéro 1 – Un renversement effrayant

Nous étions avec mon épouse sur le parking d'un parc animalier dans le sud de la France lorsque nous avons entendu un énorme cri. Je me retourne et je constate avec horreur que la poussette s'est renversée sur le flanc. Nous avions le plus âgé de nos enfants assis sur la place du dessus et j'avais oublié de lui attacher une des bretelles. Il a donc pu basculer ses épaules en dehors de la poussette et l'ensemble s'est renversé sur lui. Mon premier réflexe a bien sûr été de relever la poussette ; dans la précipitation je le vois suspendu dans le vide, accroché par la ceinture, les jambes et les bras tendus vers le sol, le nez en sang. J'ai encore aujourd'hui cette image gravée en moi. Heureusement je rétablis la situation en soutenant mon enfant d'un bras et en remettant la poussette sur ses roues de l'autre. Paniqués, après avoir nettoyé la plaie comme nous le pouvions, nous décidons de rentrer immédiatement pour aller aux urgences. Nous n'avons évidemment rien pu voir du parc animalier ! Le retour se passe dans un silence glaçant, avec, en ce qui me concerne, la culpabilité pour seul compagnon. Encore aujourd'hui il m'arrive de penser à cet épisode et de constater que le sentiment de culpabilité est toujours très présent. Il s'agit d'un micro-évènement qui n'aura laissé que quelques traces, à peine visible, sur le nez de notre enfant (et qui devraient s'estomper avec le temps ... en tous les cas je m'efforce de m'en convaincre) mais j'imagine des évènements plus graves et comprends pleinement ce que peuvent ressentir certains parents.

Numéro 2 – Un plongeon amusant

Nous étions à La Rochelle avec mon épouse et nos deux enfants, nous promenant sur le port lorsque nous avons vu avec surprise une myriade de petites méduses. Ni une ni deux, nous décidons de faire profiter nos enfants de ce spectacle. Nous les détachons de la poussette et commençons, avec d'infinies précautions, à leur montrer ce jolie ballet se déroulant devant nous dans une profondeur d'eau qui devait bien atteindre 3-4m et à 1m50 en contrebas du niveau du port. Quand soudain nous nous retournons et nous voyons notre poussette, poussée par le vent, se diriger vers le rebord. « Non, non ... ce n'est pas possible ! » Mais si ! En quelques secondes elle bascule dans l'eau sans que nous n'ayons pu faire quoique ce soit. Et là, les réactions ne se font pas attendre, nos enfants se mettent tous les deux à pousser des cris de damnés et à se précipiter dans nos bras. Ce spectacle de « leur »poussette en train de couler leur était insoutenable. Nous avons pris pleinement conscience, à la suite de cette épisode plutôt drôle, des différences de perception entres enfants et adultes. La poussette, par la grâce des roues gonflées d'air, s'est retournée et a refusé de disparaître complètement sous l'eau, m'intimant l'ordre, d'une certaine manière, de tout mettre en oeuvre pour la repêcher. Après avoir repris mes esprits, je me précipite en direction de bateaux espérant trouver un objet suffisamment long me permettant de la repêcher. Je tombe sur un pêcheur à qui j'explique ma mésaventure et qui se propose très gentiment de venir repêcher notre poussette.
  • Mais n'est elle pas trop lourde ? vous allez casser votre canne à pêche ?
  • Vous rigolez je pêche des poissons bien plus lourds que votre poussette avec ça !
Hmm, sur le port ... j'en doute un peu ! Mais sans meilleure idée, j'accepte volontiers cette aide. Et nous voilà à tenter de crocheter la poussette avec un hameçon pour la ramener au bord du ponton. L'instant d'après je maintiens les jambes du pêcheur pendant qu'il essaie de la rattraper avec les bras. Mais la distance verticale nous séparant de la poussette est trop importante. Il essaie alors de la retirer de l'eau avec sa canne en tirant comme un forcené mais ce qui devait arriver arriva : le fil se cassa. Le pêcheur eut alors une idée de génie. Il avait un parapluie dans sa voiture, grâce auquel nous avons effectivement réussi à remonter la poussette. Le tout devant une troupe de badauds accourus pour profiter du spectacle et qui commençait à grossir sérieusement. La rumeur circule vite ... . Nos enfants sont encore aujourd'hui marqués par cette histoire, il ne se passe pas une semaine sans qu'ils évoquent cette anecdote de la poussette tombée dans l'eau et du pêcheur, ce héros, qui a réussi à lui rendre la vie. 
NB : si à la lecture de ce passage vous vous êtes dits : « heureusement qu'il n'y avait aucun enfant dans la poussette ! » c'est, soit que vous avez vous-même  des enfants, soit que vous êtes mûres pour en avoir.

Numéro 3 – Une disparation angoissante

Nous nous baladions avec des amis en plein coeur de Paris, nos deux enfants dans notre si extraordinaire poussette. L'un au rez de chaussée et l'autre à l'étage ! Quand soudain, je baisse la tête, et réalise avec effroi qu'un de mes enfants, celui du rez de chaussée, a disparu. Quel horreur ; il vous semble dans ces moments là que la terre s'arrête de tourner et votre coeur de battre. Je me retourne et je vois mon enfant donnant la main à une dame à quelques 50m de nous. La dame nous explique qu'elle a récupéré notre enfant au milieu de la route sur un passage clouté. Il aura probablement profité d'un arrêt à un feu rouge pour sortir discrètement de la poussette. Ce qui est ahurissant c'est que je ne me sois rendu compte de rien. Si vous m'aviez dit de faire attention, avant que cette mésaventure ne m'arrive, je vous aurais rétorqué avec un sourire narquois que 15kg dans une poussette cela ne peut pas passer inaperçu. Pourtant, très certainement absorbé par ma conversation, je n'ai absolument rien remarqué.

Désormais nous évitons les ports et nous attachons correctement notre enfant du haut et notre enfant du bas ... et pour être tout à fait honnête, nous nous demandons quand même si cette poussette n'est pas un peu maudite et si nous n'aurions pas mieux fait de l'abandonner aux méduses.

samedi 11 juin 2011

L'éloge de la lenteur - chapitre 1

L’impatience est un de mes défauts. J’ai le sentiment permanent et pénible que la totalité des systèmes qui m’entourent sont trop lents et devraient passer à une nouvelle version de « firmware » voir changer leur microprocesseur. J’aimerais pouvoir trouver la télécommande de la vie permettant de passer à 1,5x. Mon petit plaisir : les soirées combo, lecture et film en même temps. Paradoxe ultime, comme un « pied de nez » à mon impatience, une vengeance de Chronos pour mon insolence, il m’arrive régulièrement surtout en fin de journée de rêver d’appuyer sur pause ou ralenti pour me permettre de réaliser ce que j’avais prévu et que je n’ai pas eu le temps de faire. Vous l’aurez compris mon rapport au temps n’est pas des plus sains : la journée est trop courte mais les heures sont trop longues et je suis un éternel insatisfait.
Mon congé parental va ébranler sérieusement cet adage et me réconcilier avec le temps qui passe et même m’apporter un brin de sérénité. Je vais découvrir que la lenteur a ses mérites. En particulier il m’apparait très vite comme une évidence que le principal ennemi de l’autorité parental c’est le manque de temps ou l’impatience.
Le rapport à l’enfant est finalement assez proche d’un état de négociation perpétuelle biaisé. Négociation parce qu’il est important pour le bon développement de votre enfant qu’il puisse faire rapidement ses propres choix et ses propres découvertes. Cela implique nécessairement de transgresser certaines règles de temps en temps, puisque la plupart des choix en question vous concerneront et que certains seront en opposition avec vos principes. Biaisé parce que l’adulte est évidemment tout puissant et peut décider de tout et que l’enfant doit comprendre que sa liberté s’arrête au seuil des interdits et des limites que vous aurez fixés. L’harmonie dans ce rapport consiste dès lors à trouver le juste équilibre entre une « fermeté » indispensable, que dis-je vitale, et la mystification d’une négociation en laissant votre enfant faire ses propres choix dans les limites fixées. Sans cette mystification, l’enfant ne se développera pas en tant que personne et sans cette fermeté votre vie est un enfer. Hors mettre en place cet équilibre ne nécessite finalement qu’une chose : avoir du temps. Cette quête de l’équilibre trouve effectivement et malheureusement sa pleine efficacité lorsque vous avez du temps et très peu de contraintes.
Il est évidemment plus simple et plus rapide de mettre des chaussettes bleues plutôt que de proposer plusieurs paires de chaussettes de couleurs différentes et de laisser votre enfant faire son propre choix. Il est d’ailleurs assez surprenant de voir à quel point le choix est difficile pour un enfant. Cela peut prendre une éternité comme s’il s’agissait d’un état de jouissance extrême qu’il fallait faire durer le plus longtemps possible sans garanti de le retrouver un jour.
Il m’est également arrivé au moment d’une sieste de passer une bonne heure à punir à maintes reprises mon enfant qui systématiquement refusait de se taire. Je refusais de mon côté de céder ayant mis un point d’honneur à obtenir d’elle un repos dans le calme. Il n’y a pas eu de crises ni de cris simplement un bras de fer entres nous que j’ai évidemment gagné mais au prix d’un décalage des horaires de la sieste d’une bonne heure. Sans conséquence compte tenu de ma situation mais impossible à réaliser si vous devez déposer votre enfant à la crèche par exemple.
Les crises que j’ai pu vivre avec mes enfants ont ainsi la plupart du temps eu lieu dans des situations d’urgence où je n’avais pas le temps de garantir cet équilibre :
  • Un rendez-vous chez le médecin et 2 enfants à habiller qui ne pensent qu’à jouer
  • Un dîner tardif, un refus de manger et vous voyez votre soirée fondre comme neige au soleil
Après avoir compris cela je me suis surpris à faire l’éloge de la lenteur, gage de sérénité. La sérénité est probablement ce qui disparaît le plus vite et vous manque le plus lorsque vous avez des enfants en bas âge (prochain post sur ce sujet) ; sa quête peut devenir une obsession et la lenteur dès lors une des clés pour la retrouver. Si vous en avez d’autres, n’hésitez pas j’attends vos commentaires …      

Il est amusant en conclusion de tenter un parallèle avec le monde de l’entreprise et son management humain. Cet équilibre, bien qu’il s’exprimât sous forme un peu différente est également un des socles du management. En tant que manager vous avez par définition autorité pour décider.  Cela dit si vous voulez un minimum d’adhésion et donc de succès, il est indispensable que vos collaborateurs aient le sentiment d’avoir contribué au processus. Vous devez de la même façon rééquilibrer un rapport de force par une mystification similaire.
J’ai lu récemment une interview de Paul Polman le PDG d’Unilever qui déclarait en 2009, suite aux déboires des « subprimes » : « Ne jamais gâcher une bonne crise ! ». Et bien la formule est également particulièrement vraie pour l’éducation de vos enfants. Lorsque vous échouez à maintenir cet équilibre, que vous n’avez pas le luxe de la lenteur et que les cris et les pleurs deviennent votre chemin de croix tâcher au moins de ne pas gâcher une bonne crise ! Profitez-en pour affirmer votre autorité et ne pas céder. Votre enfant s’en souviendra … tout comme les investisseurs d’Unilever.
Demain je vous promets un article plus léger :  mon top 3 de mes mésaventures en poussette. Rires et sourires garantis.      

vendredi 10 juin 2011

« L’enfer c’est les enfants des autres »

On me prévoit l’enfer. Funestes et augustes augures. L’Enfer avec un grand E vous dis-je. Réjouissant comme programme. Lorsque j’évoque mon projet de congé parental  j’ai non seulement l’impression d’être un extra-terrestre, cela je l’avais un peu anticipé, mais également d’avoir pris un aller simple pour le refuge de Dante et cela c’est pour le moins une surprise. Au mieux, on imagine pour moi une vie dénuée d’intérêt et au pire une vie emplie de contraintes et exempte de ses plaisir.
Je ne compte plus le nombre de personnes m’ayant dit : « mais tu ne vas pas faire que ça quand même ? il faut absolument que tu te trouves d’autres activités à côté ». De façon surprenante j’ai également eu beaucoup de difficultés à rester crédible ; très souvent on ne m’a pas cru.  On a imaginé que cela cachait un projet beaucoup plus noble comme la création d’entreprise par exemple. J’ai même eu une réaction de sollicitude qui m’a beaucoup fait sourire. Un collègue, persuadé que j’étais dans une situation personnelle de détresse pour envisager une telle extrémité, m’a proposé son aide. Réconfortant de savoir que je pouvais compter sur lui mais finalement pas très rassurant par rapport à mon projet et la perception que peuvent en avoir les autres.

En plus de 10 ans de vie professionnelle je n’ai pas connu une seule fois le  « Burn-out », concept à la mode dont on a fait tellement cas ces derniers temps. Je me suis épanoui dans le stress, l’urgence et les difficultés professionnelles du quotidien en y trouvant même énormément de plaisir et de satisfaction. En moins d’un an à la maison on me garantit, du bout des lèvres, le « Baby Burn-out ». Encourageant.
Le conseil le plus fréquent que l’on ait pu me donner était de conserver une nounou ! Bien sur … à temps plein évidemment. C’est important de commencer par une phase d’observation. Comprendre tous les secrets de la nounou avant de se lancer … !

N’aurais-je pas compris quelque chose ? J’avoue avoir un peu douté de mon projet et m’être demandé quelque fois si j’allais être à la hauteur.  Je n’ai évidemment pas suivi le conseil de la nounou. Quitte à prendre un congé parental autant le faire complètement. Et après tout c’est bien connu l’enfer ce sont les enfants des autres, pas les vôtres.

mercredi 8 juin 2011

Les clichés orphelins ou l'apothéose du sexisme

Il est surprenant de constater à quel point certains clichés ont la vie dure. Non, non pas ceux auxquels vous pouvez penser. Des clichés dont personne ne parlent, des clichés orphelins dont l'existence ne concerne qu'un nombre très restreint de privilégiés. Et bien je vais profiter de cette tribune pour me faire le défenseur de ces clichés, leur proposer quelques instants de gloire certes bien dérisoire en comparaison de l'éphémère de leur existence. Les clichés orphelins vont enfin avoir leur foyer.

Hier je me trouvais, comme toutes les semaines, à la bibliothèque de mon quartier. Une femme accompagnée de son fils se tourne vers moi et me demande : "puis je vous poser une question ? Je cherche ...". Devant mon regard interloqué elle enchaîne :"vous travaillez là ?". Et bien non ! Tous les hommes traînant dans la section enfant de la bibliothèque ne sont pas que des employés. Il arrive que certains papa accompagnent leurs enfants à la bibliothèque. Y compris un mardi à 16h30 ! C'est peu fréquent mais possible. Ce n 'est pas la première fois que cela m'arrive et ce n'est pas non plus le seul endroit où cela m'est arrivé. Je me souviens d'une situation identique dans un magasin de jouets, pardon dans un magasin d'éveil (terme beaucoup plus noble et moins culpabilisant pour désigner les jouets qui se multiplient et s'entassent inexorablement). 

Cette échange a fait resurgir de ma mémoire de nombreuses situations similaires. Je me souviens par exemple de cette anecdote dans un centre commercial. Probablement le pire endroit un samedi pour emmener ses enfants compte tenu de l'affluence mais qui se transforme en une aire de jeux formidable en semaine lorsqu'il n'y a personne. Climatisation, larges allées abritées des intempéries, vitrines sécurisées et attractives pour les enfants, tout y est pour passer un après-midi agréable si vous avez la sagesse de ne pas entrer dans les magasins. Mais revenons à cette anecdote. L'un de mes enfants était à quelques mètres de moi lorsque j'entends une personne âgée s'étonner et appeler : "mais à qui est cet enfant ?". Un regard à gauche, un regard à droite, à la recherche, très certainement, d'un adulte de genre féminin qui pourrait être la maman. Je suis, en ce qui me concerne, parfaitement transparent pour elle jusqu'à ce que j'ose un : "il est à moi".

Le palme du cliché revient sans conteste à mes échanges par email (CAF, Crèche, Mairie, ...). Lorsque j'ai le malheur d'inclure les mots "congé parental" dans le corps de mes correspondances pour pouvez être certain qu'une fois sur deux la réponse qui me sera faite commencera par Chère Madame. Mon prénom n'y changera rien, ni d'ailleurs le terme "papa" en congé parental que je ne manque pas d'ajouter. Je me souviens en particulier de cette échange avec une conseillère de ma mutuelle à qui j'avais posé une question. Elle me promets de se renseigner et de m'envoyer l'information par email. Le lendemain je reçois un email commençant par "chère madame" alors même que j'avais eu cette brave dame au téléphone la veille. Invraisemblable. Il doit s'agir du parfait acte manqué : congé parental ne pouvant se décliner avec Monsieur.

Cela dit je ne suis pas indemne de tout reproche. Je me suis surpris moi même à pratiquer le sexisme à mon encontre. Je me souviens de cette situation dans un centre commercial où mes deux enfants étaient insupportables et l'un deux en particulier avait décidé de piquer une grosse colère, dans la queue,  devant le présentoir des chiclettes (quel extase ce mot !). J'ai senti, instantanément, sur moi les regards pesants de l'ensemble des clients et employés de ce supermarché et je les imaginais en train de se dire :"encore un père débordé par ses enfants, s'il s'en occupait un peu plus il saurait gérer ce type de situation". A cet instant je n'avais qu'une envie, brandir à la face du monde ma carte officiel de père en congé parental et crier qu'aucune femme dans cette même situation ne ferait mieux que moi !!!

Le sexisme pratiqué par des femmes à l'encontre des hommes, l'apothéose du sexisme, n'est finalement qu'un sexisme latent mais qui ne demande qu'à s'exprimer pourvu qu'on lui en donne l'occasion.      

mardi 7 juin 2011

Le syndrome expliqué

Pourquoi un tel titre ? Je ne pouvais décemment pas débuter ce blog sans un premier article fournissant quelques éléments d'explication. Il y a en fait 2 raisons essentielles :

Une première raison qui a trait au genre "Hipppocampus". Il ne vous aura pas échappé qu'il s'agit d'une des rares espèces où le mâle joue un rôle déterminant dans le suivi de sa progéniture. Il porte en effet les petits jusqu'à ce qu'ils soient capables de se débrouiller seuls. Je partage, depuis peu, ce particularisme avec l'hippocampe au sens propre comme au sens figuré. Au sens figuré puisque après une décennie de vie professionnelle harassante et nouvellement papa j'ai décidé de prendre un congé parental pour m'occuper de mes 2 enfants (2 1/2 ans et 1 1/2). Au sens propre puisque je constate que s'occuper de très jeunes enfants nécessite de les porter littéralement sur soi une grande partie du temps. Je regrette d'ailleurs qu'il n'y ait pas d'ouvrages expliquant comment réaliser les gestes de la vie quotidienne d'un seul bras, voir sans aucun bras lorsque l'on a 2 enfants. Voilà une lecture qui aurait été fort utile contrairement à tous ces livres expliquant au père, du bout des lèvres, qu'il serait appréciable de prendre à son compte quelques tâches ménagères pour soulager la maman !    

La deuxième raison est relative à l'image que nous pouvons avoir de cette espèce. Un ovni maritime, une espèce surannée, un animal qui semble s'être égaré dans l'immensité maritime. Un chaplin à l'ère numérique. Tout, absolument tout, semble avoir été conçu en dépit du bon sens "Hippocampesque". Sa position verticale le rend vulnérable au courant maritime, leur nageoire minuscule leur permet à peine de se déplacer, jusqu'à leur nom qui le destine à une paisible existence terrestre. Et bien à certains égards je suis un hippocampe égaré dans le monde du nourrisson et du bébé. Non pas que ma nageoire soit minuscule.  Non, je suis baigné dans ce monde féminin dont les codes m'échappent mais que je vais tâcher de comprendre et d'apprivoiser ...

Je vous propose d'être témoin de l'aventure du petit hippocampe et de me suivre au quotidien.