Les enfants réussissent en quelques semaines là où de nombreuses femmes ont échoué de nombreuses années durant. Il y a, dans cette expérience Mesdames, de bonnes leçons à retenir. Quant à vous Messieurs, certes je trahis la cause mais sachez que cela se fait bien malgré moi. Prisonnier d'un monde ultra-féminisé, je développe petit à petit le syndrome de Stockholm et j'espère pouvoir compter sur votre indulgence.
Nous avons développé avec les années, nous les hommes, une faculté tout à fait remarquable nous permettant d'ignorer superbement les injonctions de notre entourage, essentiellement féminin, et de rester calfeutrer confortablement dans notre bulle personnelle. La démarche, quelques soit l'homme, est souvent très proche même si la recette peut contenir quelques variantes. Voilà comment, de mon côté, je m'y prends.
Lorsqu'on s'adresse à moi je relève la tête ostensiblement pour n'éveiller aucun soupçon. Un mouvement franc voir exagéré. Je pose mon regard sur le nez de mon prétendu interlocuteur. Il est important d'éviter les yeux, beaucoup trop accrocheurs, ainsi que la bouche car la tendance naturelle à vouloir lire sur les lèvres vous ferait immanquablement entrer dans le dialogue. Le nez se trouve être ainsi le parfait compromis. Ensuite il vous suffit de vous laisser porter par le rythme de la phrase. Oubliez les mots et n'écoutez que la douce mélodie. Cette dernière pourra accompagner au choix et placé par ordre croissant de difficulté quelques réflexions personnelles, la télévision, la consultation de pages web, la lecture d'un livre placé devant vous ou même avec un peu d'expérience l'envoi de SMS. A chaque baisse de rythme dans la phrase, inclinez la tête et prononcez un murmure approbateur "mmm" ... "mmm". La difficulté première réside dans le rictus qui accompagnera le murmure. Il doit être le plus neutre possible pour pouvoir être interprété par votre soi-disant interlocuteur de la façon qui l'arrange. A la manière d'un horoscope. Vous devez tendre vers le sourire et le regard de la Joconde. La deuxième difficulté réside dans la faculté à capter certains "buzz word", notamment ceux qui appellent une réponse ouverte ou fermée. Là, vous n'aurez pas le choix : il vous faudra sortir de votre activité et interagir brièvement avec votre pseudo-interlocuteur. La technique dès lors consiste à commencer une phrase par une réponse fermée. Utilisez évidemment plutôt un "oui" qui marque l'accord qu'un "non" qui marque l'opposition. Le oui devra être timide et du bout des lèvres en hochant lentement la tête de droite à gauche. Devant la réaction de votre interlocuteur vous pouvez soit prolonger les hochements de tête et le laisser poursuivre son monologue soit vous fendre d'une réponse ouverte passe-partout du type : "oui effectivement ... mais cela demande quand même réflexion". Le taux de réussite de cette technique est remarquable et vous garantira une paix royale.
Depuis le début de mon congé parental j'ai essayé de l'appliquer avec mes deux très jeunes enfants et je dois reconnaître que cela a été, à mon très grand regret, un échec patent. Tout d'abord les murmures déclenchent invariablement la même question : "Papa pourquoi tu fais ... mmm ... mmm". Ensuite le rythme des phrases, à la fois sauvage et chaotique chez les jeunes enfants, vous conduit systématiquement à placer vos réponses et vos murmures aux mauvais endroits. Résultat désastreux. Enfin lorsque la réponse n'est pas exactement celle attendue, vous devrez faire face à une riposte diablement redoutable qui consiste à vous attraper les jambes et ne plus vous lâcher jusqu'à ce que vous répondiez correctement à la question.
Mesdames vous savez maintenant ce qu'il vous reste à faire.
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