mardi 9 août 2011

Avant j'avais des principes, aujourd'hui j'en ai d'autres

Nous connaissons tous l'adage "Avant j'avais des principes, aujourd'hui j'ai des enfants". Je dois bien admettre que cet adage comporte une grande part de vérité. Une grande part seulement, car celui qui me correspondrait mieux serait "Avant j'avais des principes, aujourd'hui j'en ai d'autres".

Comme certainement la plupart d'entre nous, j'ai commencé mon congé parental pétri, ou devrais-je dire, prisonnier de principes. Des principes de précautions (comme rester à une distance raisonnable de mes enfants lorsqu'ils jouent sur une aire de jeu), des principes éthiques (comme l'interdiction de la violence), des principes de réalité (comme l'acceptation de la violence dans une logique de défense de soi), des principes d'équivalence (comme la nécessité de consacrer un temps identique à mes deux enfants), des principes principaux (comme l'obligation d'être couché avant 21h) et des principes secondaires (comme le droit de se lever même après 21h pour soulager un besoin naturel), des principes de causalité (à chaque bêtise une punition), des principes de constance (la sieste dure à minima 1h30, la santé mentale du papa en dépend), des principes de double négation (si papa dit non, maman dit non aussi), des principes de moindre effort (on ne change une couche que lorsqu'elle est sur le point de déborder), des principes de subsidiarité (la nounou a les mêmes prérogatives que les parents), des principes d'inertie (lorsque papa fait quelque chose, il ne peut être interrompu, il faut le laisser finir), des principes de plaisir (une bonne action peut-être récompensée) et même le principe d’Archimède (la bouée dans une piscine y compris en présence d'adultes), toute ma vie parentale était devenue une question de principe !   

Une vie dogmatique et idéologique qui n'aura pas résisté longtemps à l'épreuve de la réalité. Vous mettez une vie à construire vos principes et quelques minutes suffisent à vos enfants pour les faire chanceler et voler en éclats. La réalité est un peu plus subtile. Vos principes ne disparaissent pas du jour au lendemain. Le principe est en effet la chose la plus malléable et protéiforme de mon congé parental. Attaqués et chahutés, ils conservent, contre vents et marées, cette formidable faculté à résister encore et toujours aux assauts de votre progéniture. Tel le roseau ils plient mais ne cèdent pas et telle la matière ils changent mais ne disparaissent pas. Même acculés, ils pourront, dans un formidable élan de survie, se transformer pour vous offrir un visage plus acceptable et adapté.

L'honneur est sauf ! Officiellement vous restez un homme ou une femme de principe, droit dans vos bottes ! Mais officieusement, et souvent sans le savoir, vous avez, en fait, troqué vos principes d'airain pour des principes protéiformes.

Je me souviens du principe suivant : mes enfants ne regarderont pas de dessin-animés à la télévision avant 6 ans. Il est amusant de noter que très vite je les ai pris avec moi pour leur montrer des images d'animaux sur internet. Le passage aux vidéos d'animaux fut relativement rapide. Il n'y avait ensuite qu'un pas à faire pour leur faire écouter quelques génériques de dessin-animés avec des animaux (Bouba, Calimero, Maya l'abeille, ....). Je dois me confesser, j'ai fais ce pas il y a quelques temps. Mais attention un générique n'est pas un dessin-animé et un ordinateur n'est pas la télévision. L'éveil musical est important pour les enfants et j'avais un principe : jamais plus de 10 minutes. Il y a quelques semaines, mon doigt a dérapé et j'ai malencontreusement cliqué sur le mauvais clip vidéo (youtube est vraiment mal conçu). J'ai ainsi montré à mon aîné, bien malgré moi, quelques minutes du premier épisode de Maya. L'effet fut immédiat, elle a adoré et moi j'ai pu me reposer un peu la voix. Gageons que nous poursuivrons l'expérimentation. Mais attention j'ai des principes : jamais plus de 15 minutes et toujours en présence des parents. Cela permet d'accompagner certains messages et cela évite une passivité trop importante.

Je sais ce que vous pensez : mon aîné n'a que trois ans, il me reste trois ans à tenir avant ses 6 ans et à ce rythme il risque de finir avec un écran greffé sur la cornée. En principe seulement ... 

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